Après un faux départ au début des années 2000, les lecteurs de livres électroniques, ou ebooks readers (ou liseuses, plus joli), reviennent en force sur le devant de la scène. Le dernier CeBIT d’Hanovre a permis la présentation de produits originaux, à côté des nouveaux modèles de Sony et Amazon, acteurs dominants du marché.
Une liseuse c’est un lecteur de fichiers textes offrant un confort de lecture proche de l’imprimé grâce à une technologie d’encre électronique (micro billes sans rétro-éclairage).
Je n’aborderai pas ici le problème, fondamental, des formats de fichiers utilisés par ces appareils, du manque d’interopérabilité et de la présence de DRM, véritables OGM du numérique. Cela fera l’objet d’un prochain article.
La question qui m’intéresse est : Comment les bibliothèques pourront intégrer ces livres dans leur offre, sous quelle forme et en premier lieu pour qui et pourquoi ?
On peut partir de deux constats : 1) la majorité de la population française n’achète jamais de livres ou à peine quelques unités par an. 2) un lecteur d’e-book coûte environ 300€ soit le prix d’une quinzaine de romans format standard ou d’une quarantaine de poches. Mais sans avoir les textes qu’il faut acheter ensuite et parfois à des prix très proches de l’édition papier (de nombreux textes sont gratuits ou libres, il est vrai). On en conclura que l’immense majorité de la population n’achètera pas de liseuse puisqu’aux non-lecteurs il faut ajouter les lecteurs désargentés et les lecteurs attachés au papier (et ils sont nombreux depuis le temps). Ne parlons même pas de tout ceux qui sacralisent exagérément l’objet livre même lorsque celui-ci est imprimé en centaine de milliers d’exemplaires sur du vilain papier.
Il est vrai que cet objet simpliste n’est pas dénué d’intérêt : léger, biodégradable en partie, bon marché en occasion, disponible à profusion, on peut le prêter, donner, annoter, etc… et il fait toujours un cadeau apprécié. Mais il est encombrant. Très encombrant même, lorsqu’il se met à proliférer sur tous les meubles de la maison ou dans les cartons de déménagement.
De ce point de vue, le lecteur d’e-books semble une réponse idéale : faire tenir toute sa bibliothèque (de livres textuels seulement, car l’e-book est monochrome pour quelque temps encore, la collection de livres d’art restera encore longtemps sur les étagères) dans une tablette fine comme un magazine un peu épais, est un Graal pour beaucoup de lecteurs compulsifs et mobiles. Nous n’en sommes pas encore là mais c’est l’idée.
Compulsif, mobile et argenté : l’acheteur est membre d’une élite ou il a un usage professionnel de la lecture. Les tarifs et les chiffres de ventes l’illustrent bien : quelques milliers d’exemplaires pour l’ensemble des modèles en 2008.
Mais il est vrai que le leader n’est pas présent sur notre marché : Amazon a révolutionné la liseuse avec son Kindle. Un concept global : un périphérique Amazon pour acheter des livres électroniques sur Amazon, avec des tarifs très attractifs. Si cela vous rappelle le concept Ipod + Itunes ce n’est fortuit. Le succès a été au rendez-vous aux Etats-Unis, relançant du même coup tout l’intérêt autour du e-book pour les industriels, qui espèrent un appel d’air dans le sillage du Kindle, tout comme l’Ipod à fait exploser le marché des lecteurs MP3. Mais aussi pour les éditeurs et les e-libraires impatients de trouver de nouveaux débouchés et un modèle économique délivré de la gestion des stocks.
Les bibliothèques dans tout ça ? Nous verrons dans un prochain d’article qu’il pourrait y avoir de bonnes idées à prendre dans le modèle Amazon… pour faire une proposition ouverte, libre et populaire. Soyons fous.
Pour en savoir plus sur le sujet :
: pas si courte en réalité et passionnante. (2009)
Dossier « De l’encre à l’écran » sur Ecrans (Libération) (2009)