De manière générale, il demeure plus facile de stimuler les intérêts d’un bibliothécaire sur des sujets comme : la bonne interprétation de tel sous-champs unimarc, la pertinence de placer les données locales en notice bibliographique ou en notice d’exemplaire, le choix d’une vedette signifiante et pourtant bien construite selon les spécification Rameau, etc… que sur des pratiques délicieusement marginales : écrire des commentaires sur un blog (même professionnel), rédiger un coup de cœur pour un roman, etc… ou partager une expérience sur un réseau social ou un forum (même professionnel).
Ces choses que le bibliothécaire fera volontiers oralement avec son public ou ses collègues, semblent prendre une importance vraiment secondaire dès lors que cela s’inscrit dans une « écriture » c’est à dire non plus comme une tâche voire une mission. Il est vrai que les fiches de postes ne comprennent que rarement cette notion de médiation écrite, mais aussi d’investissement personnel, de subjectivité assumée et qu’il reste plus convenu mais aussi plus balisé et rassurant de rester dans le cadre purement technique qui s’est imposé avec l’informatisation des établissements mais qui préexistait, il n’y a qu’à écouter les derniers puristes de l’ISBD.
Maintenant que les avancées des techniques, mais aussi des normes, permettent de ramener à presque rien le catalogage, d’automatiser au plus le process documentaire en s’appuyant sur des moteurs de recherche simples et performants, la technicité de la profession peut s’effacer pour une part des postes au profit de la médiation vers le public. C’est la tendance générale. Mais lorsque cette médiation mais n’est plus physique, matérielle, concrète, lorsqu’elle emprunte des lieux qui n’en sont plus, périphériques, non institutionnels parfois, « virtuels » pour dire un gros mot, alors cette médiation semble fondre en légitimité, comme un hobby, un passe-temps, un temps libre, toute choses non appropriées dans un planning forcément trop chargé.
Comme si, à l’heure de Wikipedia et d’Amazon, de l’amoncellement des ressources et de leur disponibilité immédiate, il y avait beaucoup d’autres avenirs à cette profession que le retour a ses fondamentaux : le conseil, la sélection, les correspondances transversales entre les arts et les savoirs, etc…, bref être des professionnels de la culture, des passeurs de la connaissances, des éveilleurs des goûts et des consciences, présents sur tous les terrains et tous les lieux du monde actuel pour ne pas devenir progressivement des avatars mal formés de travailleurs sociaux ou de gestionnaires de spectacles. Ce sont d’autres métiers et il y aurait tout à gagner à les inviter à travailler en bibliothèque, pas à s’y substituer.
Une réflexion sur « Ecrire sur un blog ou décrire en Unimarc ? »