L’intégration de bibliothèques dans les zones de lotissements pavillonnaires pose de nombreuses questions : un urbanisme est-il encore possible sur ces territoires, comment intégrer des services publics et collectifs dans des zones d’ultra individualité (une famille, un terrain, une maison, une ou deux voitures), l’intégration de ces services passe-t-il par une intégration de services (poste et bibliothèque et halte-garderie et services sociaux et maison de quartier et …) ?
Le maillage des zones pavillonnaires est de la responsabilité des communes, et sans doute avec plus de pertinence encore des communautés de communes. Après avoir encouragé le développement de ces zones pour attirer de nouveaux habitants, il est nécessaire de leur fournir des services de qualité pour les sortir de leur isolement. Il en va de leur avenir, si l’on veut éviter le même phénomène de paupérisation et de déliquescence qui a frappé les grands ensembles. Les lotissements ne sont pas à l’abri de la spirale infernale : vieillissement de la population, renouvellement par des catégories sociales plus fragiles, coût exorbitant de l’entretien des infrastructures (voirie, réseaux, …), isolement géographique aggravé par les conditions économiques ou sociales et absence d’espace de socialisation pour les enfants, adolescents, jeunes en recherche d’emploi…
Ces territoires doivent être considérée comme faisant partie du corps de la commune, non comme des excroissances plus ou moins monstrueuses, même si leur surface peut dépasser largement la superficie du village « originel ». Le cœur de village ne peut plus être valorisé comme un centre virtuel (mais souvent ignoré de ces nouveaux habitants) plutôt comme un quartier parmi d’autres, chacun possédant des services, dupliqués ou complémentaires selon les besoins.
Ce coût à court terme pour la collectivité doit être considéré comme un investissement pour éviter un coût beaucoup plus lourd sur le long voire le moyen terme.
Pour ce qui concerne les bibliothèques, l’évolution fait que l’espace des collections n’est plus central mais peut être substitué par une valorisation des nouveautés, des actualités, des sélections, etc.
La collection sera toujours insuffisante, mieux vaut pouvoir répondre à la demande par un système de réservation efficace qu’aligner sur des rayonnages des volumes plus ou moins défraîchis et sans attraits . On optimise ainsi une surface forcément réduite en facilitant la polyvalence mais aussi l’espace du partage. La pénurie actuelle est dans cet espace là, pas dans le nombre ou la disponibilité des supports (livres, CD, DVD…) livrables en un ou deux clics de souris.
La collection doit se comprendre dans le périmètre étendu d’un réseau et les BDP sont précisément qualifiée pour cette organisation.
En association avec les communautés de communes, il serait assez aisé de constituer de petits réseaux de bibliothèques « troisième lieu » c’est à dire avant tout des lieux de rencontres et de partage (voir article sur les PULP ) autour des pratiques culturelles et créatives.
L’intégration dans les lotissements pourrait se faire en construisant des petites structures sur des parcelles inutilisables pour la vente (terrain trop petit ou inadapté) ou en aménageant des pavillons achetés par la collectivité.
La gestion de ces équipements pourrait être confié à des bénévoles associés à un bibliothécaire professionnel responsable d’un certain nombre de structures. La mise en réseau maximale des informations, des catalogues, des circulations passe nécessairement par les « nouvelles technologies » qui doivent être la colonne vertébrale de ce type d’organisation ou le centre disparaît au profit d’un maillage de petites unités. C’est aussi la définition d’Internet.
S’il n’y a plus de centre et aucun maillage, c’est l’éclatement de la notion de commune et de collectivité qui menace. C’est presque la définition des lotissements.
Les bibliothèques peuvent tenter de créer les possibilités de nouveaux liens très nécessaires. A chaque époque ses missions. Celles-ci ne sont pas les plus faciles.