Après une semaine passée dans l’est de l’Angleterre, dans le Suffolk et à Cambridge pour être précis, j’en reviens avec des photos bien sûr et surtout des images.
Celles d’une Angleterre à mille lieues de nos représentations habituelles de la City, du libéralisme sauvage, de la difficulté de la vie quotidienne, de la précarité des plus faibles, etc. Sans doute que cette Angleterre existe, sans doute même qu’elle existe ici dans ces terres paisibles de l’East Anglia où tout semble ancré dans une permanence britannique que rien ne pourrait bouleverser. Mais c’est bien l’imagerie traditionnelle de la vieille Angleterre qui domine, comme une plongée dans un vieil Agatha Christie, un épisode suranné d’une série télévisée…
Cette carte postale existe bien, il faut se rendre à l’évidence : les écoliers en uniforme traversant un parc à Bury Saint Edmunds, les jeunes mères de famille partageant un sandwich dans la courette cosy du musée d’Ipswitch entourées des landaus et poucettes, les étudiants couchés sur les pelouses vertes bordant la rivière Cam, les jardins faussement sauvages mais habilement multicolores des maisons de briques proprettes toutes semblables et discrètement différentes, les villages miraculeusement épargnés du passage du temps avec leurs maisons bancales, leurs églises grises à clocher carré bordées d’un cimetière verdoyant où les stèles funéraires semblent semées au hasard, bousculées par les siècles mais presque éternelles comme ce pays.
Immédiatement on s’y sent en confiance, d’autant que les habitants y font preuve d’une sorte de fausse indifférence polie, toujours aimables et bienveillants pour les étrangers que nous sommes, volontiers serviables pourvu que l’on demande de l’aide, jamais curieux ou insistants. Une « bonne éducation » en somme.
Que l’on retrouve en toute circonstance et notamment sur les routes, ce qui ne manque pas d’être remarquable lorsqu’on vient de France où la tenue d’un volant semble entrainer un état de belligérance à l’égard des autres. L’anglais ne respecte pas beaucoup plus le code de la route que le français, mais il le fait avec prudence et sans perdre son calme et son éducation. Ce qui change tout et rend, de fait, la conduite à gauche plus reposante que celle à droite sur nos propres routes qui sont pourtant bien meilleures.
Passer un moment en Angleterre reste un dépaysement assuré, malgré le tunnel (réalisation géniale pour qui n’avait connu que le ferry jusque là…), malgré la mondialisation des biens et des pratiques (que de la Heineken et de la 1664 au supermarché du village…). Mais surtout une immersion dans une coolitude décomplexée, pas toujours chic, pas toujours raffinée mais tellement reposante.